Jordan Laporte est un directeur artistique et créateur de contenu basé à Paris, reconnu pour son engagement envers le "Beau" et son approche d'esthète. Amoureux d’excellence et passionné par l’architecture, la mode, l’art ou encore le monde de l’hospitalité, il utilise ces univers pour guider ses créations, à l’esthétique raffinée. Avec plus de dix ans d'expérience, il a su développer un processus créatif qui valorise l’exigence, l’élégance et le soin apporté aux détails.
Aujourd'hui, pour Mediamoure, il nous a parlé de son parcours, de sa sensibilité au "Beau", des qualités d'un bon directeur artistique ou encore de son utilisation de l'intelligence artificielle.
Tu peux te présenter ?
Je m'appelle Jordan, je suis directeur artistique indépendant depuis toujours, et également
créateur de contenu. Concrètement, j'aide les marques à travailler leur image pour communiquer leur excellence. Ce que j'aime dans mon rôle de D.A, c'est qu'il recouvre finalement de nombreuses compétences, et implique de puiser dans diverses influences et inspirations pour créer, ce qui me permet d'exercer dans des domaines très variés. Les médiums pour m’exprimer varient beaucoup aussi, du graphisme à la photo en passant par la vidéo. Aujourd’hui, c’est la photo qui m’anime le plus, mais ça évolue constamment. Par exemple ça me plairait beaucoup de prendre la casquette d’architecte un jour. Je suis sûr que ça arrivera.
En ce qui concerne la création de contenu, c'est la première étape de ma vision à long terme: bâtir un univers autour du "Beau" pour émerveiller et inspirer. C'est véritablement mon objectif car, pour moi, c'est une source immense de bien-être au quotidien.
Quel est ton parcours ?
J'ai lancé une chaîne YouTube quand j’avais 14 ans, sur les jeux vidéo à l’époque, notamment "Call of Duty". C’est à ce moment que j'ai commencé à m'exprimer en ligne, notamment à travers des vidéos commentées où je discutais de nombreux sujets, pour tenter de décortiquer les tendances et de partager mon point de vue, ma vision. Cette période m'a permis d'obtenir mes premiers milliers d'abonnés, atteignant le palier des 20 000.
Par la suite, je me suis mis à apprendre le graphisme grâce à un ami qui connaissait déjà un peu Photoshop et qui m'a montré comment créer des bannières YouTube. J’ai eu un déclic, et ça m'a tout de suite passionné. À partir de là, j'ai collaboré avec des YouTubers que j’admirais comme MrLEV12, DiabloX9, YoMax, ou encore Josspace.
Ensuite, je suis entré en école de communication visuelle, période durant laquelle j'ai également lancé ma propre marque de vêtements en parallèle. Mes premiers clients étaient mes plus fidèles abonnés, et les Youtubeurs avec qui je collaborais jouaient le rôle d’ambassadeurs. C'est comme ça que mon premier petit business a démarré.
"Le terme d’esthète est vraiment celui qui me définit au quotidien dans mon mode de vie, dans ce qui va m’intéresser, ce que je vais visiter etc... Dans ma manière de percevoir la vie en général, le 'Beau' prend une place vraiment importante."
Quelles sont les qualités primordiales d’un bon D.A selon toi ?
Pour moi, la qualité la plus importante d’un bon directeur artistique est la curiosité. Je pense à Tobias van Schneider, un célèbre designer, qui conseille à ceux qui veulent apprendre le design de ne pas lire des livres sur le design, mais plutôt sur la sculpture, l'art, le cinéma, ou même sur les gens, et donc d'étudier le monde. Je trouve ça très vrai. Quand tu pars du principe que l'inspiration est partout, étudier le monde te permet d'avoir une perspective sur beaucoup de choses, sans jugement. C'est là que tu puises ton inspiration.
Un bon D.A doit être au courant des tendances, de ce qui se passe, savoir ce qui est pertinent ou non, et cette curiosité doit être cultivée. Une autre qualité très importante, selon moi, est d'avoir confiance en son goût et de savoir le développer. En tant que D.A, tu as parfois des visions que tu ne peux pas toujours expliquer, car ton inconscient relie des éléments différents et parfois intangibles. Ce goût se travaille aussi à force de curiosité.
Enfin, une troisième qualité primordiale est cette la capacité à exprimer ce que l'on ressent, c'est d'ailleurs ce que dit Rick Rubin dans l'une de ses citations.
D’où te vient cette sensibilité au "Beau" ?
C'est une question que je n'ai pas encore vraiment explorée. Je pense avoir développé cette sensibilité particulière depuis mon enfance à force d’observer, ce qui peut d’ailleurs être assez épuisant au quotidien. Peut-être que c’est en moi aussi. J’ai beaucoup lu sur l'hypersensibilité, notamment le livre "Fort comme un hypersensible" de Maurice Barthélémy, qui m'a aidé à mieux comprendre et justifier de nombreux aspects de ma personnalité.
Ce qui est sûr, c’est que le visuel et la création autour m’animent plus que tout. Et que le "Beau" a toujours été pour moi une source de plaisir et de réconfort depuis petit.
J’aimerais qu’on parle d’un concept que tu abordes dans le podcast « Immersion » réalisé par Arthur et Quarto de La Brigade, celui d’aller à l’encontre des clichés qui sont attribués à ce sur quoi on travaille, peux-tu développer ?
Aujourd'hui, il existe une véritable guerre de l'attention. Il y a un objectif à surprendre pour se démarquer et susciter la curiosité. Dans des projets créatifs, il est donc parfois intéressant d'aller à contre-courant, même si ce n'est pas toujours la meilleure solution selon les enjeux marketing, etc... Je trouve cette approche fascinante car elle permet de sortir de sa propre perception. Souvent, j’aime chercher ces idées à mi-chemin entre ce que j’aurais fait instinctivement, et tout ce que je n’aurais pas fait. Ça ouvre le champ des possibles, amène du challenge, des surprises parfois, et c’est valable dans la création comme dans la vie finalement.
J’aime cette image d’une grande carte sur laquelle il y a des milliards de points, qui correspondent chacun à des inspirations, des idées, des envies, des contacts. Plus tu t’inspires, plus tu explores loin et va chercher de nouvelles choses, et plus tu es en mesure de relier des éléments qui, à première vue, n'ont aucun lien. C'est là que naissent les meilleures idées selon moi.
Comment appréhendes-tu le travail de veille artistique, une activité primordiale pour ce métier ?
Je ne me réserve pas de créneaux spécifiques pour ça, car c'est déjà intégré à mon quotidien, en continu. Que ce soit sur les réseaux sociaux, en discutant avec des gens ou en lisant des livres, je suis constamment à l'affût d'inspiration. J'utilise l'application Bear pour recenser toutes les idées, notes que je rencontre au cours de la journée, avant de les organiser le soir. Pour la curation visuelle, j'utilise l'application Mymind, qui fonctionne un peu comme un tableau Pinterest, mais où l'on peut aussi enregistrer des articles, des images et des vidéos, avec un système de hashtags et une lA intégrée qui te permet de rechercher par couleur ou par thème.
En tant que DA, l’IA générative (liée à l’image) t’est-elle utile au quotidien ? Si oui, comment l’utilises-tu ?
J'utilise beaucoup cet outil pour la retouche photo. Avant, il fallait un temps fou pour effectuer des retouches mineures, comme nettoyer des zones ou effacer des éléments. Ça a clairement changé ma vie en terme de temps de production et a élargi ma vision créative. Cet outil me permet de réaliser des choses que je ne pouvais techniquement pas accomplir avant. Grâce à ça, je libère du temps précieux que je peux allouer à la phase de création pure, ou à d'autres projets.
J'utilise également beaucoup ChatGPT pour "étendre mes idées". Je commence avec une vision initiale, puis je mets l’IA à l'épreuve pour voir jusqu'où elle peut m'emmener. Ensuite, je compose et interprète ses suggestions en fonction de ce qu'elle me propose.
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Site : www.jordanlprt.com
Son "Guide de l'Esthète" : à retrouver ici
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