Adrelanine ou l’art de la photographie argentique
- Paul Vernet
- 2 déc. 2023
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 août 2024

Tu peux te présenter et présenter ce que tu fais dans la vie ?
Tout le monde me connaît sous le nom d’Adrelanine ou le surnom Adre. Ça vient du fait que quand j’ai commencé à faire de la photo et à être sur les réseaux en 2016/17/18, c’était la mode urbex/rooftop, etc. C’est ainsi que j'ai exploré le domaine de la photo. On allait souvent dans des endroits interdits, sur les toits de Paris ou dans des chantiers en construction. Il y avait toujours cette dose d’adrénaline. Quand j’ai créé mon compte Instagram, je cherchais un pseudo car je ne voulais pas me personnifier, je voulais uniquement présenter mon travail. Une amie m’a dit « Adrelanine », j’ai pensé que c’était sympa, ça va faire buguer les gens, je me suis finalement appelé comme ça.

T’as commencé quand la photo ?
J’ai commencé la photo en 2014 et les réseaux en 2016, et j'en vis depuis 2019. J'ai débuté dans ce monde après un stage chez Yard, principalement axé sur des événements sportifs. Ensuite, ça a évolué, je me dirige plus dans la publicité maintenant car j’ai la chance d’avoir pas mal de potes et connaissances qui ont leur propre marque de vêtements qui marchent de mieux en mieux, et je peux bosser avec eux, donc c’est très cool.
Qu’est-ce qui te plaît dans la pratique de l’argentique ?
Il faut savoir qu'avant, je ne faisais que du numérique jusqu’à 2018/2019 parce que j’avais l’habitude de prendre énormément de photos, mais j'avais déjà testé la pratique de l’argentique. Quand j’ai retrouvé chez moi un appareil argentique appartenant à ma mère avec une pellicule couleur, j’ai retesté et j’ai pu scanner mes photos grâce aux scanners très puissants qu’on avait à disposition, quand j’étais aux Gobelins en étude. Quand j’ai vu le rendu, j’étais choqué par la couleur, le grain, et la netteté qu'on pouvait obtenir. Petit à petit, j’avais toujours un appareil argentique sur moi. Je me suis mis à délaisser le numérique pour faire presque que de l’argentique.
Tu as des gros noms en numérique comme Asap Rocky ou Post Malone, tu es aussi fier de ton book depuis que t’es passé à l’argentique ?
Ouais, c'est marrant que tu prennes cet exemple car les photos de concert sont les plus compliquées à prendre. Aujourd’hui, je me retrouve peut-être moins dans les artistes qui sont proposés actuellement. Par exemple, avant le Covid, il y avait beaucoup de gros concerts avec des têtes d'affiche. J'aime beaucoup les grandes salles, donc tous les rappeurs de la nouvelle génération qui font La Boule Noire, La Cigale, L'Olympia, je m'y retrouve moins, je préfère une salle comme Bercy par exemple. Donc, je fais beaucoup moins de concerts qu’avant.
Ce qui m'intéresse dans la photo, c'est la composition et la couleur. Il y a forcément des photos avec le temps où ta vision change, donc tu les aimes plus. Je suis toujours fier de mes photos de concert, je ne vais pas dénigrer le numérique. Si je pouvais faire du numérique et retoucher exactement comme l'argentique, je le ferais. Maintenant, j'ai un oeil très technique, je vois directement quand une photo est argentique ou non. J'ai aussi tellement scanné de pellicules moi-même et utilisé les logiciels Photoshop et Lightroom que je connais les nuances de grain, de couleurs…
Comment t’as appris tout ça ?
Je suis très autodidacte, j’avais déjà un bon niveau technique avant de rentrer aux Gobelins. Je suis quelqu’un de très curieux, dès que je ne comprends pas quelque chose, je vais essayer de chercher et de comprendre. Je suis également très pédagogue, j’aime beaucoup apprendre aux autres. Je pense que le meilleur moyen de savoir si on connaît bien un sujet, c’est de savoir si on sait l’apprendre à quelqu’un ou non. Des fois, je regarde YouTube pendant des heures, je vais digger des infos sur des forums… C’est un truc que je n’ai jamais trop partagé et que j’aimerais bien développer dans le futur, ce sont des vidéos tutoriels et pédagogiques. J’aide souvent les gens en message privé sur les réseaux, mais je ne sais pas si les gens des réseaux me voient comme quelqu'un de pédagogue. C’est dommage parce que tout mon entourage a cette image de moi, bienveillant, pédagogue et prêt à aider.
Tu as des appareils préférés ? Tu conseillerais quoi à quelqu’un qui veut débuter ?
Un de mes appareils préférés, c’est l'un de mes premiers que j’ai achetés, un Canon AE-1 Program. Je sais que beaucoup de gens ont peur de commencer l’argentique à cause des réglages, etc. Avant de commencer, il faut déjà absolument comprendre les bases, le triangle de la photo : les ISO, l’ouverture du diaphragme et la vitesse, c’est ce qui fait que la photo est plus ou moins floue et plus ou moins claire ou sombre. Avec un appareil argentique qui possède une cellule intégrée, c’est simple car en regardant dans le viseur, un chiffre rouge s’affiche et t’indique la vitesse ou le diaphragme qu’il faut régler pour que la photo soit bonne. Il suffit juste de regarder le chiffre et de régler en fonction, du coup, c’est très dur de rater des photos argentiques en terme d’exposition. Il faut absolument que l’appareil ait une cellule, c’est ce qui analyse la lumière. Je ne conseille pas aux débutants d’utiliser les vieux appareils argentiques de 1950/60 que l’on peut trouver en vide-grenier car ils ne sont pas équipés de cellule. Je dirais donc que pour débuter, il suffit juste de trouver un appareil photo avec une cellule, pour 100/200 euros, tu peux trouver plein de trucs cools en manuel et encore plus de petits appareils automatiques pour encore moins cher.
Tu racontes beaucoup ton expérience à travers des podcasts, pourquoi ?
Je suis beaucoup le travail d’un entrepreneur qui s’appelle Gary V (@garyvee sur Insta). Il parlait beaucoup de podcast à l’époque. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup parler, je l’écris même dans la description du podcast dans laquelle je dis « je parle tout seul ». C’est aussi un format qui s’est développé autour de moi par mes potes qui ont leur marque de vêtements, Flub ou Eliottosan par exemple. Je trouve que c’est un format qui est cool, surtout pour moi qui ne me montre pas en plus, pas besoin de flouter ou de me cagouler, j’ai juste besoin d’un micro, d’enregistrer mes pensées et mon évolution.Le podcast permet de montrer l’envers du décor, les doutes, les galères, beaucoup de gens se reconnaissent dans tout ça. C’est vrai que je commence à avoir pas mal d’expérience, donc c’est trop cool que des jeunes et des gens qui débutent aient aussi un regard extérieur. Je crois être le seul photographe de mon entourage à faire des podcasts, ça serait dommage de ne pas le faire.
On te connaît notamment pour tes collaborations avec Flub pour Forever Vacation ou Tern entre autres. Comment s’est faite la connexion entre vous deux ?
J'avais mis une story en 2017 où dans laquelle je posais une question. Il m'avait répondu en DM et m’avait aidé. La connexion s'est faite comme ça. J’avais suivi son travail juste après ça, j’ai pu suivre son évolution, etc. Par la suite, j'allais à ses events, ses pop-up, j’aimais bien sa personne. Je pense que le shoot du knit (Émotions) c’est notre premier vrai taff ensemble. Il est donc venu me contacter car il aimait bien mon taff. On connaît la suite, il a cassé internet et a tout vendu, ça a littéralement changé sa vie. Il a donc pu développer ses autres projets. Maintenant, il a confiance en mon taff, il me laisse carte blanche.
Dans ton dernier podcast avec Flub, vous parliez de la triche sur les réseaux notamment avec l’utilisation de l’IA ou de trends. Tu viens de finir un challenge 30 jours 30 réels, t’as l’impression d’avoir triché avec cette trend ?
Non, pas du tout. Pour Flub, la pub c’est de la triche car ça ne lui correspond pas, mais pour d’autres ça marche très bien. Des fois, je vois des trends de fou avec des vidéos trop cool, je sais que je pourrais les faire. En revanche, les gens qui s'abonneront ne me connaissent pas car ils n'auront pas vraiment vu mon taff. Dans ce cas-là, c’est de la triche parce que je vais peut-être gagner 10 000 abonnés grâce à cette vidéo, mais ils n'auront même pas vu mes photos et ne sauront pas pourquoi ils sont là. En faisant ce challenge, j’ai essayé de ne pas tricher dans le sens où c’est une vidéo qui présente une photo à moi. Donc, si tu aimes la vidéo, tu aimes ma photo et mon travail, tu sais donc pourquoi tu me suis.Pour moi, la triche, c’est un moyen plus rapide d’arriver à une finalité : avoir plus d’abonnés, de likes, etc. Mais au long terme, est-ce que c’est utile ? Des fois ça peut être tentant. C’est un cheat code, ça me fait gagner vraiment beaucoup d’abonnés, en 19 jours j’ai gagné 3 fois plus que les 90 derniers. Même si tu ne fais pas beaucoup plus de vues/likes, de temps en temps, il y en a un qui peut percer. Moi c’était le 2e ou 3e jour où j’ai fait plus de 100 000 vues. Rien que celui-là m’a rapporté plus de 500 abonnés, donc ça vaut le coup de persévérer. Il ne faut pas le faire si ça ne te plaît pas, il faut trouver un format qui te fait plaisir. Même si t’en fais 100 qui font 100 vues, peut-être que le 101e va faire 5 millions de vues et ça va tout changer, si tu t’arrêtes avant tu ne sauras pas.
Tu penses quoi de l’utilisation de l’IA du point de vue d’un photographe ?
Pour moi, c’est le futur. Déjà pour les retouches, c’est incroyable le gain de temps que ça représente. Pour la partie créative, je trouve que ce n'est pas encore au point (IA de Photoshop*), t’as pas trop de contrôle sur les sujets que tu veux rajouter contrairement à d’autres IA comme MidJourney qui sont plus poussées. Photoshop, c’est le plus simple à utiliser. Après, comme disait Flub, ça ne remplace pas des idées. Si tout le monde se met à faire de belles images, celui qui va se différencier va peut-être celui qui va les réaliser en vrai. Par exemple, un shooting photo fait par l’IA sur la Lune, c’est cool, mais un mec qui va vraiment sur la Lune pour un shooting, là c’est fou. Quand on est allé voir Harold, on aurait pu le faire sur Photoshop, mais le fait qu’on soit vraiment allé le voir, les gens se sont dit : « putain ils l’ont vraiment fait », et c’est pour ces histoires et cette culture là que c’est cool de faire les choses en vrai. Sinon, ça me fait pas trop peur, je m’en sers beaucoup pour élargir les photos, c’est une folie. Quand ça sera optimisé, ça sera encore plus génial. Je travaille d’ailleurs sur un projet autour de ça que j’aimerais bien sortir d’ici 3 mois.
Pour finir, il est sympa Harold ?
Ouais franchement, il est cool comme un grand-père quoi, on a parlé en anglais avec lui. C’est marrant parce qu’il a exactement la même tête que sur les photos. On osait pas trop lui demander trop de trucs pour pas le déranger, mais il est très sympa en vrai !
Retrouvez Adrelanine sur tous ses réseaux : adrelanine.carrd.co
Interview : Paul Vernet
Commentaires